L'atelier du forgeron (Kay et Davy)

(suite de la storyline disponible dans la chambre à coucher des maîtres de la maison de Kay et Davy)

Davy suivait Kay au bout de sa laisse. Dans la voiture, Kay préférait le laisser derrière, pendant qu'il conduisait. C'était la première fois qu'il emmenait Davy au village mixte. En fait, c'était la deuxième fois seulement qu'il y allait lui même.

Le village mixte était fort intéressant pour l’hétérogénéité de ses constructions, les multiples styles de ses habitants et habitantes. Chaque maison disposait d'un petite ajout qui indiquait d'où venait l'habitant, quand ce n'était pas clairement indiqué par le style architectural. Les démons préféraient des maisons aux briques anguleuses et aux couleurs sombres. Les anges étaient plutôt adepte de maison discrète et sobre aux couleurs claires. Les canyens aimaient les habitations simples mais chaleureuses et très aérées. Les Félyens avaient une adoration pour les maisons sur plusieurs étages.

La maison du forgeron était plutôt grande compte-tenu qu'elle contenait son atelier. Elle était rustique et semblait fort solide. L'entrée était vaste, comme une grande cours remplies de diverses pièces en métaux multiples et variés. La grandeur et la forme de la maison indiquaient clairement que le forgeron gagnait bien sa vie. Il était, en effet, le forgeron le plus réputé de Célestial. Il se spécialisait dans les objets sur mesure. Son atelier avait une entrée directement sur la cours.

Kay stationna la voiture dans la cours de la maison. Il descendit sans attendre Davy et se dirigea vers l'atelier

Davy suivit docilement Kay jusqu'à la voiture et là, ne fit que profiter du voyage. Assis à l'arrière, il regarda défiler les paysages d'un air intéressé, observant chaque détail. Il ne sortait pas si souvent que ça, alors quand ça arrivait il en profitait. Surtout que le village mixte était extrêmement intéressant à regarder, à cause de la diversité de ses habitants et de ses bâtiments!

Lorsque la voiture s'arrêta devant la boutique du forgeron et que Kay descendit sans rien lui dire, Davy fut un instant perdu. Avait-il le droit de sortir? Il ne l'avait pas tiré par sa laisse mais, d'un autre côté, ne lui avait pas non plus ordonné de rester là...Il était perdu lorsque Kay ne lui donnait pas d'ordres, aussi pitoyable que ça puisse sembler.

Il descendit finalement de la voiture et courut derrière Kay, sa laisse lui battant aux jambes, se disant qu'au pire il se prendrait une gifle. Une de plus, une de moins...

Kay s'approcha du forgeron qui s'avançait vers lui. C'était un homme grand et musclé, le visage marqué par des heures passées devant les fourneaux. Il semblait dépasser Kay d'au moins une tête lorsqu'il lui tendit la main. Ils se serrèrent vigoureusement la main. Kay ne voulait pas passer pour un faible fasse au géant, mais après la poignée de main, la sienne était douloureuse.

– Qui est ce garçon derrière vous ?, dit le forgeron

Kay regarda par dessus son épaule, comme pour se remémorer ce qu'il savait déjà.

– C'est Davy, mon ... esclave, ajouta-t-il lentement, il m'accompagne. Viens Davy, restes près de nous et ne traines pas dans nos pied.

Kay tendit au forgeron trois feuilles de papiers sur lesquelles étaient dessinés des schémas. Le forgeron les étudia dès que Kay lui donna.

– J'aimerais obtenir ça pour le plus tôt possible. Qu'en pensez-vous ?

Davy fut soulagé que Kay ne le gronde pas. Il fut bien un peu intimidé quand le grand forgeron posa son regard sur lui mais heureusement comme d'habitude son amant se chargea de répondre à sa place. Il courut se placer derrière Kay sans protester contre l'appellation. Après tout, il était vrai qu'il avait tout d'un esclave, un esclave conscentant et heureux de l'être certes, mais un esclave quand-même.

Il se mit sur la pointe des pieds et regarda les schémas avec curiosité. S'il avait pu savoir ce que mijotait Kay! Il osa demander timidement:

-Kay...Qu'est-ce que c'est?

Le forgeron regarda un instant Davy, puis retourna les yeux vers Kay, ignorant totalement celui qui lui avait été présenté comme un esclave.

– Oui bien sûr, je crois que c'est possible pour après-demain probablement. Il n'y a que les joyaux ici (il pointa une feuille du doigt) qui vont être difficiles à reproduire, dit le géant.
– Ne vous inquiétez pas, je fournis les joyaux qui seront d'excellentes qualités et se placeront sans problème, répondit Kay.

Un vent automnal se souleva sans avertir et deux feuilles s'envolèrent en direction de Davy. Elles atterrirent à côté de lui après avoir virevolté plusieurs fois. Sur la feuille la plus proche, une épée était dessinée.

Personne ne répondit à la question de Davy, qui ne s'offusqua pas de cela. Il avait été habitué dès son plus jeune âge à se faire traîter comme un moins que rien, de sorte qu'en fait, il pensait vraiment être un moins que rien. Cependant, le Destin décida de répondre à certaines de ses interrogations. En effet, un vent soudain se leva, transportant les feuilles mystérieuses aux pieds de Davy. Celui-ci se pencha, les ramassa, et examina l'épée dessinée durant quelques secondes. Une épée? Pourquoi Kay voulait-il une épée, et aussi luxueuse en plus? Il ne trouva d'autre solution que de lui demander, tout en lui tendant la paperasse:

-Kay! Mais...Pourquoi as-tu besoin d'une telle épée?

Les deux hommes levèrent les yeux vers le jeune garçon. Kay arracha les feuilles des mains de Davy pour les tendre vers le forgeron à nouveau. Kay regardait Davy d'un regard tonitruant. Ses yeux étincelaient presque complètement du rouge qui les habitaient. Le forgeron du sentir la tension palpable dans l'air. Et il n'osa pas non plus rester... ces yeux le terrifiaient. Il fit un pas en arrière et se retira promptement. Kay s'approcha de Davy et décocha une claque sèche.

– Cela ne te regarde pas.

Il attrapa la laisse du garçon et l'attira dans la voiture. Une fois installé, il se retourna.

– Davy, il y a des choses que je ne peux pas t'expliquer. Pas maintenant du moins. Cette épée sera spéciale. Grâce à elle, je pourrais déchirer le voile. Je t'ai dit que tu m'aideras à cela, alors soit patient car je finirais par t'expliquer.

La phrase était froide, dite méticuleusement, sans une once d'affectuosité. Les yeux de Kay brillaient encore du rouge qui terrifiaient tant Davy. Kay se retourna et démarra en direction de la maison.

Davy comprit qu'il avait été trop loin presque immédiatement. Les yeux de Kay rougeoyèrent et même le forgeron décida de se retirer, insécure. Le jeune garçon reçut une claque sèche. Il recula d'un pas, et refoula les larmes qui lui venaient aux yeux. Bon, ce n'était pas la fin du monde, il en avait déjà reçu des pires...

Il se fit ensuite traîner jusqu'à la voiture où il eut droit à un genre de remontrance. Mais dit avec un tel ton, et de tels yeux...Davy se recroquevilla sur son siège et baissa les yeux. Il n'arrivait pas à soutenir le regard de son amant lorsqu'il était comme ça...Cette voix, aussi...Tellement glaciale...Il détestait ça.

Tout au long du voyage du retour, il ne dit pas un mot, frottant un peu sa joue endolorie. Il ne boudait pas, oh non, ce n'était pas son genre, seulement il ne savait pas quoi dire et avait peur de Kay...Il l'avait mis de mauvaise humeur, apparemment. Le voile...Quel voile? Il voulait tellement savoir! Mais l'autre ne voulait jamais répondre à ses questions...

Le voyage de retour fut pénible pour tout le monde. Kay avait son esprit assailli d'interrogations sur son projet. En plus de cela, Davy semblait plus étrange que d'habitude. Kay se surpris à penser au comportement de Davy et sur les faits de cette matinée. Il n'était pas anormal ni inhabituel qu'il punissait physiquement Davy. Comme une routine bien établie, il en venait même à penser que Davy considérait ceci comme normal et qu'une absence de punition rendrait même Davy paradoxalement triste. Ce n'était pas non plus le fait qu'il ait réagi lorsque Davy lui posa cette question... Kay n'aimait pas qu'on interrompt une de ces discussions, surtout pour lui faire preuve d'une curiosité mal placée selon lui... non, en fait tout c'était passé comme il aurait pu s'y attendre. Tout s'était passé comme cela se passe d'habitude. Pourquoi alors n'arrivait-il pas à se détacher de ce qui venait de se passer ? Qu'il y avait-il de différent ?

Tandis qu'il se noyait dans ses interrogations, il regarda dans le rétroviseur et vit Davy qui frottait sa joue rouge. Sa peau pale réagissait vite à ce genre de punition. La marque ajoutait à son humiliation et punissait bien mieux qu'une simple douleur physique. Cette petite rougeur... comme un peu de maquillage... comme un peu de chaleur... Davy ressemblait un peu plus au petit garçon qu'il avait rencontré dans le froid. Comme la morsure du froid... qui faisait ressortir ses yeux tristes et vaincus. Comme il était attendrissant...

La vue de la maison rompit le fil de ses pensées et le fit revenir sur terre. Éclipsant promptement toutes les pensées qu'il venait d'avoir pour les enfermer dans une petite boîte au fond de son esprit, il s'arrêta et se retourna en disant sur un ton gai :

– Bon on est arrivé... va-t-on manger quelque part ou rentre-t-on directement à la maison ?

Davy ne remarqua pas que Kay le regardait dans son rétroviseur. Il était bien trop plongé dans ses pensées pour cela. Il songeait à cette épée, à son cauchemar-qui-n'en-était-pas-un, au comportement de son amant...Il aurait tellement voulu savoir ce qui se tramait! C'était l'une des rares fois où il regrettait vraiment l'étrange lien qui l'unissait à Kay, au sens où il était implicitement entendu qu'il lui était inférieur. Une fois de temps en temps, dans des situations comme celles-ci, il aurait bien aimé qu'on le traite comme une personne normale juste pour lui expliquer tout ça. Et puis...Si seulement Kay l'avait pris au sérieux...

Dans un autre ordre d'idée, il se demandait si ce dernier était toujours fâché ou de mauvaise humeur. Il était plutôt changeant, il pouvait arriver qu'il reste en rogne durant des jours, alors que parfois cela ne durait que quelques minutes. Ce n'était jamais très agréable, quand Kay était en colère...Il faisait peur et tapait souvent. En fait, il allait rarement plus loin que des gifles, quand-même. Sauf dans certains de leurs jeux sexuels, il était rarement arrivé que Kay ne lui fasse vraiment mal. Sauf que ces quelques fois restaient marquées au fer rouge dans l'esprit de Davy...

Ils arrivèrent finalement à la maison et c'est d'un ton étonnement gai que son amour lui proposa d'aller manger. Bon, au moins il n'était plus fâché, cela rendait Davy un peu moins déprimé. Peut-être qu'il se sentait mal de l'avoir frappé. Davy avait parfois cette impression fugace, mais il ne savait trop si c'était vrai ou bien si c'était dans son imagination...Enfin.

-Eh bien, peut-être qu'on devrait...

Il s'interrompit soudain, car il commençait à se sentir bizarre. En fait, il se sentait bizarre depuis le matin, mais avait mis cela sur le compte de son mauvais rêve. Il comprit ce qui lui arrivait en même temps que cela se passait. Bien sûr, il avait eu ce rêve parce qu'il était plus sensible...Et il était plus sensible parce que...

Il avait atteint la puberté.

Il savait bien que cela lui arriverait un jour, mais n'y avait pas vraiment pensé. C'était une chose un peu abstraite. Il devait cependant se rendre à l'évidence: il avait passé le cap maintenant. C'était un peu l'équivalent des règles chez les femmes terriennes...

Concrètement, des changements survinrent en lui. Cela ne se faisait pas de façon progressive chez bien des créatures magiques, mais d'un coup, comme cela.Ses pupilles noires prirent rapidement la forme d'un coeur. L'autre changement fut moins perceptible. Son pouvoir d'attraction, sans qu'il s'en rende compte, augmenta à ses pleines capacités (ce qui n'était pas tant que cela, puisqu'il était à moité humain). Il grandit d'un coup de...Deux centimètres (il était visiblement fait pour être petit), et ce fut à peut-près tout. Sinon que sa sensibilité magique avait augmenté...

Davy était un peu étourdi. Il leva son regard désormais changé vers Kay et dit d'une voix hésitante:

-Euh..On devrait peut-être...Rentrer je crois...

Pas besoin d'explication, en voyant ses yeux il comprendrait probablement. Davy avait vaguement mal au coeur...

(Pour la suite de cette storyline, veuillez rentrer dans la maison de Kay et Davy et lire La puberté de Kay)

» Davy Willson (Validé)
» L'étrange maladie de Davy