Le parapluie

Messages : 52 Date d'inscription : 02/12/2011 Localisation : Québec

(suite de la storyline contée dans La révélation de la deuxième rencontre)

Que le pluie se soit abattue depuis deux jours de manière presque continue, que son devoir de physique ait reçu une mauvaise note à cause de sa "distraction" du moment, que son père l'ait fustigé pour son voyage en limousine, que son oncle l'ai critiqué après qu'il soit arrivé en retard à son travail, ne changeait rien à son bonheur : il allait revoir Stella. Il avait gardé son parapluie avec lui depuis qu'elle lui avait donné.

Chaque matin, il regardait autour de lui en arrivant à l'école et jetais un coup d'œil fugace sur l'école voisine... au cas où. À chaque pause, il se précipitait dehors pour voir si Stella serait là. Quand il ne le pouvait pas, il courrait à la fenêtre la plus proche, scannant l'édifice voisin pour voir si Stella apparaîtrait à une fenêtre. C'était ridicule, car elle serait trop loin pour qu'il puisse vraiment la voir. Mais il se disait que ça valait le coup d'essayer. Comme cela valait le coup d'attendre 10, 15 ou 30 minutes le soir au cas où elle sortirait, au cas où sa voiture passerait.

Il l'avait d'ailleurs vu passé un soir. En sortant, la voiture partait. Il couru derrière pour la rattraper, mais la lumière passa au vert quand il arriva à moins de 20 mètres de celle-ci. Alors, essouflé par une course inhabituelle, il regarda la voiture s'éloignée, en souriant, malgré tout, car il était passé proche de la voir.

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Depuis quelques jours, Stella avait été fort occupée par plein d'activités diverses. Le petit coup de main qu'elle avait refilé à Benoît n'était pas venu aux oreilles de ses parents, bien qu'elle s'en fiche un peu. Natation, équitation, cours ordinaires...Elle avait couru. Et en avait marre, d'ailleurs: elle aurait bien aimé avoir un peu de temps libre pour faire ce qu'elle voulait faire! Marre de ces parents qui lui enlevaient toute liberté...Un jour, ils verraient...

Il lui arrivait souvent de jeter un coup d'oeil au petit banc de parc dehors, près de l'autre école. Mais il n'y avait jamais personne. Une fois, alors qu'elle était en voiture, elle crut bien le voir derrière mais ne fut pas tout-à-fait sûre que c'était lui. Pas qu'elle en aille quelque chose à faire à ce point, mais....Hem. Enfin.

Ce jour-là, il faisait enfin beau,pour la première fois depuis des jours. La température était anormalement chaude, le ciel était bleu, et l'air sentait l'humidité. Assise sur son petit banc, durant l'heure du midi, Stella lisait l'un de ses romans fantastique. Peut-être, se disait-elle, pourrait-elle finir par ravoir son parapluie aujourd'hui...

Parce que l'important c'était le parapluie, bien sûr.

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Il était midi. Benoît sortit de son cours affamé. Il n'avait pas mangé grand chose ce matin là car sa mère n'avait pas pu faire les commissions la veille. La paye ne rentrait que ce jour. La lumière de dehors avait quelque chose d'aveuglant pour qui n'avait pas bien dormi. Benoît se tourna vers un de ses camarades.

— J'ai mal aux yeux... je veux des lunettes
— Achètes-en, répondit Marc
— Crétin, tu sais bien que je ne peux pas
— Alors utilises ton parapluie ! Tu le trimballes partout depuis au moins une semaine.
— PFff, fut la seule réponse qu'il s'autorisa

Un groupe de petits nouveaux bousculèrent Benoît qui se sentait trop lasse pour faire valoir son droit au respect. Il alla s'asseoir sur le banc en face de l'école. Le soleil frappait droit dans sa face...

— JE DÉTESTE LE SOLEIL !! hurla-t-il en faisant sursauter ceux qui l'entouraient.

Et il ouvrit le parapluie pour s'en servir en ombrelle. Benoît savait qu'il avait l'air ridicule. Mais le ridicule ne tue pas. Le soleil oui... enfin s'il avait été un vampire.

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- Mais qu'est-ce que t'as à gueuler???!

Ce fut là la première phrase que Stella adressa à Benoît.

Assise tranquillement sur son banc, se faisant réchauffer et dorer par le Soleil, elle était bien. Elle aurait ronronné, si elle avait pu! Totalement absorbée par son roman, comme toujours, elle n'avait pas fait attention à la personne qui s'était assise à côté d'elle. Lorsqu'elle lisait, le monde disparaissait. Une bombe aurait pu exploser qu'elle se serait mise à courir d'un air absent, son livre dans les mains, sans cesser de lire...

Bon, c'était un peu exagéré. La preuve, quand un crétin s'était mis à gueuler à quelques centimètres de ses oreilles, elle avait sursauté et était brusquement revenue sur Terre. Frustrée sur le coup, comme chaque fois qu'on la tirait trop brusquement du monde des rêves, elle avait lancé sa phrase sur un ton impatient avant de tourner la tête et de voir le crétin en question....Ah.

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Un hurlement strident vint déchirer le ciel, perçant les tympans de Benoît.

— Mais qu'est-ce que t'as à gueuler???!

Derrière son parapluie, il sursauta, irrité par le fait que quelqu'un le fustige alors qu'il était en plein désarroi. Fatigué... non éreinté... il resta derrière son parapluie et soupira, avant de prendre une respiration afin de se donner de la voie.

— JE SUIS FATIG... oO

Il ne put terminer sa phrase. Baissant le parapluie qui couvrait ses yeux, il avait amorcé sa réplique. Mais la vision angélique de Stella, iridescente de la lumière solaire qui faisait scintiller ses beaux yeux au regard acéré, le coupa tout de go dans son élan. Ses yeux s'ouvrir dans un moment de désespoir d'avoir commencé une diatribe envers elle. Ce sentiment immédiat céda la place à la joie de la retrouver. Il bondit sur ses deux pieds, armé de son plus grand sourire

— Tu es là ! Enfin, tu es là... dit-il sur un ton décoré de trémolo qui cachait mal son émoi, j'ai pas arrêté de te chercher !

Ses yeux s'emplirent de larme de bonheur.

— Regarde, j'ai ton parapluie, dit-il en brandissant le parapluie de Stella juste sous son nez.

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— JE SUIS FATIG...

Stella s'attendait, naturellement, à ce qu'il termine sa phrase. Cependant, ce qui se passa à la place la laissa plutôt perplexe. Le visage du jeune garçon se figea et ses yeux s'équarquillèrent, comme s'il venait d'insulter le Pape. Elle crut même voir carrément du désespoir dans ses yeux. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait, à ce gamin?

Et soudain, comme un vrai bipolaire, il sauta sur ses pieds, un immense sourire sur le visage.

— Tu es là ! Enfin, tu es là... J'ai pas arrêté de te chercher !

Mais...Mais qu'est-ce qu'il avait à être intense à ce point?! Il y avait même des larmes dans ses yeux, au nom du Ciel! Il n'avait pas arrêté de la chercher? Sa voix tremblait littéralement!

Sans qu'elle sache trop pourquoi, quelque part cela lui fit peur. Il était fou, ou quoi...Ce débordement d'émotions pour elle incompréhensible la mettait un peu mal-à-l'aise, sans qu'elle sache pourquoi exactement.

-Euh...C'était pas la peine de...Me chercher partout pour ça...C'est qu'un parapluie, j'en ai plein d'autres à la maison...

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— Oui bien sûr...

Le sourire de Benoît revint à la normale en même temps qu'il réalisait que tous ses amis le regardaient. Il rougit d'un beau rouge vermillon. Il savait qu'il avait l'habitude d'en faire trop. Il parlait trop. Il était trop joyeux. Il était trop facilement heureux peut être. Sans jamais comprendre exactement pourquoi, il savait que les filles avaient tendance à fuir ceux qui montraient tant d'intérêt pour elles. Alors il essaya d'être plus simple... parce qu'il commençait à se rendre compte combien il appréciait cette jeune demoiselle.

— En fait, c'est que... je suis juste content de te revoir tu sais. Je pensais à toi en math tout à l'heure.

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Stella apprécia que Benoît retrouve un certain calme et une certaine normalité, même si elle restait toujours un peu perplexe face à sa réaction précédente. Elle essaya de chasser cela de son esprit, surtout que le garçon en question devenait rouge comme une tomate. Il venait probablement de réaliser à quel point sa réaction était bizarre...

-Ah...Okay.

Elle se frotta la tête.

-En même temps, y'a pas grand-chose d'autre à faire en cours de math...C'est tellement emmerdant que y'a pas un cours où je pense à plus de trucs sans rapport que celui-là.

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— Tu n'aimes pas les maths ? ^ ^

Le visage de Benoît s'épanouit. Parler des maths, c'était, pour lui, parler du sujet qu'il préférait. Il aimait les maths parce qu'il avait découvert qu'il n'y a pas de limite à ce qu'on peut y trouver. Pendant les cours, il lui arrivait de faire des exercices du chapitre suivant, voire même en fin d'année, de l'année suivante ! Il lisait des livres sur les esprits mathématiques et ce qu'on pouvait en faire. C'était un monde de liberté et de créativité. Il oubliait alors tous ses problèmes. Sauf que dernièrement, il avait remplacé son intérêt pour les maths par son intérêt pour la mystérieuse Stella.

— ... et c'est pourquoi tu ne peux pas faire un carré qui a exactement la circonférence qu'aurait un cercle avec juste une règle et un compas ^ ^ Génial non ? s'exclama-t-il en finissant son exposé.

Il ne savait pas si elle pouvait comprendre. Enfin, elle comprendrait peut-être le contenu, mais il n'était pas sûr qu'elle comprenne sa passion. Les gens étaient rarement passionnés des maths. En fait, ils étaient rarement passionnés. Mais il se souvenait le carnet qu'il avait ramassé. Il avait l'air spécial. Il avait l'air d'être le cahier de quelqu'un qui avait aussi un monde à lui... même si ce n'était pas les maths... peut-être allait-elle comprendre. En hochant la tête, les yeux toujours brillants, il finit:

— Oui je sais je suis bizarre... tout le monde me dit ça, il pinça sa lèvre avec ses dents, je suis un peu spécial parait-il : P c'est pour ça que j'ai pas beaucoup d'ami d'ailleurs. : |

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Stella trouva la force, elle ne sut jamais où, de ne pas donner sortir un ''non mais ta gueule!'' à Benoît durant son exposé sur les math. Tentant tant bien que mal de contrôler son irritation, elle laissa son esprit partir ailleurs, n'essayant même pas de tenter de comprendre ce que disait le jeune garçon, ni même de l'écouter une seconde. Elle avait assez de se taper des math durant la journée, il n'allait pas l'emmerder avec ça durant ses pauses en plus!

Quand il eut terminé de parler, elle inspira profondément en se massant les tempes.

-Ouais ben écoute, c'est super-cool que t'aimes autant les maths okay...Mais si tu veux qu'on reste amis, va falloir que tu te rentres dans la tête que j'aime plus Hitler que les mathématiques, alors tu me refais plus JAMAIS un speech du genre...Compris? Les maths je les exècre, je les emmerde, elles me dégoûtent, je les hais de toute mon âme, en fait les mots ne sont pas suffisant pour exprimer ma haine.

Elle soupira.

Et fit semblant de rien concernant le ''si tu veux qu'on reste amis''. Après tout, même irritée, il faisait quand-même un peu pitié le p'tit gars...

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La gorge serré, Benoît perdit son sourire.

— Je suis désolé... je ne voulais pas... enfin... je n'en parlerais plus.

Ses yeux regardèrent le sol. Il avait encore tout gâché. Elle ne comprenait pas la passion qu'on pouvait avoir... il se sentait mal. Il voulait partir, mais il n'y arrivait pas... il voulait rester avec elle. Ça faisait à peine cinq minutes qu'il l'avait retrouvé. En fait il ne comprenait pas ce qu'elle avait de spéciale. À chaque fois elle semblait le repousser. Mais en même temps elle avait quelque chose d'unique... elle avait cette intensité qu'il n'avait jamais vu ailleurs. Elle le repoussait... mais cette fois, elle avait ajouté autre chose. Qu'avait-elle ajouté ? Il essayait de se rappeler ce qu'elle avait dit. Ah oui ! "si tu veux qu'on reste amis" ! Alors il osa le tout pour le tout.

— Tu... tu fais quoi après les cours ? Moi aujourd'hui je ne travaille pas.

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Stella vit Benoît perdre son sourire instantanément et se sentit un peu mal. Cependant, elle se dit qu'après tout, s'il le prenait aussi mal, c'était son problème...Elle n'avait rien contre le fait de parler de ses passions, mais faire des speechs à quelqu'un sur quelque chose qui ne l'intéressait pas, c'était pas winner...Pire encore, elle venait de lui dire qu'elle n'aimait pas les maths, quelle idée aussi d'aller lui en parler tout de suite après!

Elle s'attendait à ce qu'il se pousse, mais il resta, donc apparemment il ne devait pas être si vexé que ça. Il ajouta même:

-Tu... tu fais quoi après les cours ? Moi aujourd'hui je ne travaille pas.

-Bah, en théorie, je fais rien. J'avais juste un cours de musique extra-scolaire ce matin. Pourquoi?

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Plus ça allait et plus Benoît se disait qu'il se faisait des illusions sur Stella. Certains moments comme leur première rencontre avait semblé particulier. Elle l'avait regardé différemment. Lorsqu'elle l'avait emmené en voiture, elle avait semblé s'inquiéter pour lui. Puis elle lui avait donné son parapluie comme un signe pour lui dire qu'elle voulait le revoir. Et là, elle lui avait signifié qu'ils étaient amis... mais à côté de ça, elle multipliait les gestes pour l'éloigner, lui dire que tout n'était qu'anodin, voir qu'il n'était pas vraiment de la bonne compagnie. Il avait peut-être une chance de lui montrer qu'il n'était pas un nul... mais... que pouvait-il lui montrer qui l'intéresse. Il ne pouvait pas l'inviter à prendre un chocolat... il n'en avait pas les moyens. Ça serait humiliant qu'il l'invite et qu'elle paye. Il aurait aimé l'emmener au cinéma. Il ne pouvait certainement pas la ramener chez lui. D'une part, son père serait en furie. De l'autre elle serait certainement gêné par une maison aussi petite et pauvre. Il restait le petit jardin... il pouvait lui proposer de se promener là. C'était jolie... est-ce qu'elle aimerait ?

— tu veux venir te ballader au jardin à côté ?

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Bien entendu, elle savait pertinemment pourquoi il lui avait demandé si elle faisait quelque chose le soir venu. Elle n'était pas stupide! Mais, gênée par cette genre de demande de rendez-vous, elle n'avait pas su quoi répondre et avait répliqué plus par réflexe qu'autre chose.

-Ce soir? Bah oui, pourquoi pas...Enfin, je peux pas te garantir de l'heure exacte à laquelle je vais arriver, mais je devrais réussir à me sauver entre 7 et 8h, comme d'habitude...Ça t'irait ça?

Elle essaya de chasser de sa tête que c'était un rendez-vous. Pas question, peuh...Pas son genre DU TOUT. Mais ça serait chouette de sortir un peu avec quelqu'un. En fait, elle n'avait pas beaucoup d'amis, elle non plus. La plupart des filles étaient gentilles avec elle juste parce qu'elle était riche. Elle se demanda un instant si ça n'était pas pour ça que ce garçon l'invitait aussi...Mais elle avait du mal à y croire, sans trop savoir pourquoi. Bah, il avait l'air sympa et...Voilà quoi.

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La cloche sonnait. Les étudiantes et les étudiants retournaient à leurs cours. Benoît resta immobile un instant en oubliant qu'il avait cours. Un sourire grandissait, timidement mais assurément, sur son visage.

— Ok on se retrouve là alors ? Je serais là à 7h... j'attendrais. Je prendrais un livre.

Il regarda Stella. Elle semblait sourire... souriait-elle ou était-ce l'imagination de Benoît qui lui jouait des tours ? Elle lui dit

— Faut que j'y aille là. À tantôt alors...
— Oui à tantôt, répondit-il simplement sans oser ajouter quelque chose de plus.

Et il la regarda partir... jusqu'à ce qu'elle rentre dans son école... jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était tout seul. Il était en retard ! Il partit en courant pour arriver essouflé à la porte de son cours de français.

— Monsieur Langevin nous fait l'honneur de sa présence finalement, dit le professeur Roland d'un ton moqueur. Cinq minutes de retard...
— Je suis désolé monsieur, j'avais... oublié quelque chose dehors...
— Votre parapluie je suppose ? Vous le trainez encore partout ?

Benoît regarda sa main. Il avait encore le parapluie avec lui. L'imbécile ! Il avait oublié de le rendre à Stella.

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Pas une seule seconde Stella ne pensa à ce pauvre parapluie, dont elle se foutait éperduement en réalité. Durant son cours d'histoire, elle dessina sur ses cahiers. Elle prévoyait dans sa tête comment elle allait se sauver. Rien de bien exceptionnel, elle avait l'habtude...Faudrait qu'elle fasse attention, le soir, comme ça, tout de même.

Le soir venu, elle partit en limousine comme d'habitude et eut une soirée somme toute normale. Elle soupa seule, puis alla s'enfermer sans sa chambre pour lire. Au bout de quelques heures, elle alla aviser la bonne qu'elle se couchait et ne voulait pas être dérangée. Le personnel se doutait qu'elle en profitait parfois pour se sauver mais il était avec elle et ne l'embêtait pas...Quoi que s'ils avaient su qu'elle allait rejoindre un garçon, ils se seraient probablement imaginés pleins de trucs débiles et l'auraient empêché de partir. Ces adultes à l'esprit tordu...

Elle enfila un jean et un simple chandail violet (de marque, évidemment...), le tout assez chaud au cas où il ferait un peu frisquet en soirée. Quant à ses cheveux, elle les laissa attachés comme d'habtude. Elle apporta son sac avec un livre, de l'eau, des bscuits et ses cahiers, et sortit par la fenêtre grâce à un arbre qui lui rendait ce service depuis des années. Personne ne viendrait vérifier dans sa chambre, elle le savait. Pas de risques, ou alors si peu...

Elle prit donc une petite balade dans les rues de la ville. Il y avait plein de gens, le Soleil se couchait et quelques étoiles apparaissaient déjà dans le ciel. La température était douce. C'était très agréable...

Elle trottina donc gaiement jusqu'au parc en question, où elle repèra Benoît, assis sur un banc.

-Hé!

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Benoît était arrivé à 18h30. Il savait bien que Stella avait dit 19h, mais il ne supportait pas de laisser attendre les gens en général, et elle en particulier. Il avait donc prévu large. Il avait amené un livre avec lui. C'était un vieux livre d'un auteur de SF qu'il aimait beaucoup : Isaac Asimov. Cela faisait au moins 10 fois qu'il avait lu les nouvelles de ce livre, mais il les aimaient toujours autant. Cela parlait de robot, de science, d'énigme... il adorait. Sauf que cette fois, il n'arrivait pas à lire. Il commençait à lire et se demandait invariablement si elle allait bientôt arrivé ou quelle heure il était. Finalement, il réussi à rentrer dans un chapitre alors que le soleil se couchait. Il devait donc être au alentour de 7h. Lorsque retenti un "Hé!" cristallin, qui fit rebondir son cœur. Il leva la tête... elle était là. Elle était venue.

— Ça va ? Tu as passé une bonne soirée pour l'instant ? Tu es bien jolie ce soir. On croirait que tu es à un rendez-vous galant ?

Il rigola de bon cœur.

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Stella devint un peu rouge. ''Tu es bien jolie ce soir''? ''Rendez-vous galant''? Non mais et puis quoi encore...Comme si c'était son genre d'avoir un rendez-vous et de s'habiller avec de jolis petits vêtements pour un crétin de garçon...Peuh.Elle secoua la tête et répondit avec humeur:

-Hein? Ce sont que mes fringues habituelles. Les plus moches, même, pour pas qu'on me remarque trop. Si mes vieux savent que je suis ici, je suis morte...

Elle repoussa une mèche de ses cheveux. Dire merci? Même pas en rêve. Ce serait admettre le compliment et ce serait bien trop gênant...Pourquoi il se comportait pas comme un gars normal aussi? Ils étaient bien plus crétins que ça d'habitude, et au moins comme ça elle savait à quoi s'attendre et comment réagir.

-Ce soir j'me suis emmerdée, comme d'habitude. Et toi? Fait pas trop longtemps que tu m'attends au moins?

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— Hein? Ce sont que mes fringues habituelles. Les plus moches, même, pour pas qu'on me remarque trop. Si mes vieux savent que je suis ici, je suis morte...
— Les plus moches ? Ah bin... on n'a pas le même standard.
— Ce soir j'me suis emmerdée, comme d'habitude. Et toi? Fait pas trop longtemps que tu m'attends au moins?
— Non je ne crois pas. Je ne sais pas quelle heure il est mais je n'ai pas du attendre plus de 30 minutes. Moi je n'avais rien à faire. Enfin, à part un peu de ménage chez moi pour aider maman.

Il regarda le jardin. Ce coucher de soleil de début mai rendait le paysage magnifique. Les fleurs étaient belles comme... Stella. Il rougit à cette pensée.

— On marche ? dit Benoît en tendant le bras vers le chemin. J'ai apporté ton parapluie.

Quelques nuages se rassemblaient. Cela ne se voyait pas trop vu que la nuit arrivait. Un léger bruit retentit discrètement dans le ciel.

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Pas les mêmes standards...Évidemment. On ne lui achetait que des vêtements de marque, comme si ça lui faisait quelque chose...Enfin, on ne lui demandait pas son avis. Comme d'habitude.

Elle acquiesça:

-Okay, allons-y!

Elle ne remarqua pas le léger bruit pas plus que les nuages, tête en l'air comme d'habitude.

Elle jeta un coup d'oeil vers le parapluie.

-Tu peux le garder, tu sais. En fait je m'en fiche. Y'en a des tonnes à la maison. C'est juste un parapluie...

Elle ne se rendit pas vraiment compte qu'en disant cela elle avouait implicitement certaines choses par le fait même, puisqu'elle lui avait précédemment dit qu'ils devraient se revoir justement pour qu'il lui remette le parapluie en question...

Elle tenta de trouver un sujet de conversation, ce qui n'était pas facile puisqu'elle ne le connaissait pas beaucoup:

-Alors, euh...Tu fais quoi de bon ces temps-ci?

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Benoît ne saisit pas l'aveu involontaire de Stella.

— Tu en as plein ? Bin alors pourquoi ... ?

Il prit un moment de réflexion, se demandant pourquoi elle avait tant tenu à ce qu'il lui ramène ce parapluie alors... Aaahh les filles, ça ne sait jamais ce que ça veut. Pourquoi passe-t-elle leur temps à faire danser les garçons dans un sens et puis dans l'autre, comme disait le père de Benoît. Ça lui avait si souvent joué de mauvais tour. Tout d'un coup, un sourire traversa son visage et ses yeux rayonnèrent de bonheur.

— Bon bin je vais le garder alors ça peut être utile.

Il ne comprenait toujours pas mais au moins il pouvait garder un objet de Stella près de lui. Et c'est ce qui importait le plus.

— Alors, euh...Tu fais quoi de bon ces temps-ci ? demanda-t-elle, brisant le silence.
— Bin là, je ne travaille pas ce soir. C'est plutôt rare. En général, le bar me prend tout le temps. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me faire de l'argent de poche... j'aimerais bien m'acheter un balladeur.

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Stella écouta Benoît sans le regarder dans les yeux, son regard se portant plutot au loin vers les limites du petit jardin. C'était l'un de ses défauts, d'après ses parents, elle ne regardait pas toujours les gens dans les yeux et avait tendance à laisser son regard vagabonder. Un des effets secondaires de son état de rêveuse probablement, et de toutes les fois où elle tombait dans la Lune...Elle donnait parfois l'impression de ne pas écouter, mais heureusement, sauf en classe, ce n'était pas le cas. De fait, dès que son interlocuteur eut fini de parler, elle répondit en bâillant un peu:

-Un baladeur? Tu veux dire un mp3 ou un Ipod? Parce que si c'est ça, ma mère vient de me donner un nouveau Ipod et j'ai mon mp3 qui fonctionne très bien encore. J'allais le jeter...Il est pas rose ni rien, t'aurais qu'à le vider et à le remplir avec tes chansons à toi.

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Pendant qu'il lui parlait, Benoît tournait autour de Stella comme pour capturer son regard... Mais celui-ci était insaisissable ! Puis Stella dit d'une voix légère et entrecoupée d'un bâillement

— Ma mère vient de me donner un nouveau Ipod et j'ai mon mp3 qui fonctionne très bien encore. J'allais le jeter...Il est pas rose ni rien, t'aurais qu'à le vider et à le remplir avec tes chansons à toi.
— Tu veux dire que tu es prête à me donner ton lecteur MP3 ?

Les yeux de Benoît se remplirent de larmes de bonheur. Il saisit Stella et la serra contre lui.

— MMERRRCCCIIII

Soudain, il se rendit compte de son geste. En desserrant doucement ses bras d'autour de Stella, et de la sueur descendit le long de sa tempe. n_n''

— Désolé.

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-!????

Cette expression n'était peut-être pas verbale mais elle exprimait bien ce que ressentait Stella à l'instant où Benoît, les larmes aux yeux, lui sautait dessus. Mais que...??? Qu'est-ce qu'il lui prenait, à ce gars? Pourquoi il semblait sur le point de brailler pour un simple lecteur mp3? Même pas un Ipod, en plus! Il était fou ou quoi?!

Elle n'avait pas de malaise pour le fait qu'il la serre dans ses bras en tant que tel, quoi qu'elle se raidit un peu. Mais c'était surtout la raison qui la rendait perplexe, elle ne pouvait que se donner comme explication que Benoît était un gars trop sensible pour réagir aussi violemment à un truc aussi annodin...Quand-même.

Quand il la lâcha, elle le regarda, toujours avec cet air de ''???!'', et lui demanda:

-Euh...Ça va pas? C'est qu'un mp3, wtf, qu'est-ce qui te prends?

Son ton n'était pas agressif ni fâché, juste surpris. Elle était un peu gênée, aussi.

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— Oui je sais... mais tu ne peux pas comprendre, répondit Benoît avec un air sincèrement désolé. J'adore la musique mais je n'ai jamais eu de CD à moi et encore moins de lecteur MP3. J'ai toujours été pris pour aller écouter de la musique chez mes amis.

Étrangement Benoît n'arriva plus à s'arrêter. Pourtant cette discussion virait à l'intimité la plus totale. Il abordait ce dont il ne voulait jamais parler. Comme pour se protéger, si jamais il n'avait pu atteindre un de ces rêves.

— Pour moi la musique c'est tout. C'est la vie, c'est l'histoire de la vie, c'est les émotions dans la vie, c'est la vie après et avant la vie ! J'aimerais m'acheter une batterie... en fait j'aimerais m'acheter plein d'instrument et devenir musicien. Mais j'aimerais surtout une batterie. Bon je ne saurais pas où la mettre, mais j'aimerais tellement faire de la musique.

Il regarda le ciel étoilé d'un air perdu et mélancolique.

— Je n'y arriverais probablement jamais. Mon père pense que c'est une perte de temps et que ce n'est pas un métier digne d'un homme. Il veut que j'aille à l'usine avec lui. Ou alors que je fasse suffisamment d'études pour être un architecte ou un ingénieur ou un docteur.